Le secteur aérien a été frappé de plein fouet par la pandémie. Certains aéroports et compagnies aériennes avaient fait le choix à l’époque de supprimer un nombre important de postes pour faire financièrement face. Cette stratégie semble désormais se retourner contre le secteur.
Les aéroports et les compagnies aériennes du monde entier avaient dû mettre en place des stratégies pour faire face au ralentissement voire à l’arrêt total de leur activité durant la pandémie. En France et aux Pays-Bas, les hubs aéroportuaires peinent à réguler les flux de voyageurs. Au Royaume-Uni, certaines compagnies, qui avaient fait le choix de licencier massivement, ont du mal à recruter à nouveau et doivent donc s’adapter dans un contexte où le secteur aérien reprend désormais une activité quasi-normale.
Le manque de personnel dans les aéroports impacte le service rendus aux voyageurs…
L’activité aérienne repartant de plus belle depuis le mois de mars 2022, les aéroports européens rencontrent des difficultés dans leur gestion des flux de voyageurs. La situation quasi-insolite vécue par les passagers à l’aéroport Amsterdam-Schiphol le week-end du 1er mai le relate très bien. Ayant souvent attendu plusieurs heures avant de pouvoir embarquer, les voyageurs ont aussi dû faire face à l’annulation de près de 70 vols, sans compter ceux reportés sur l’aéroport de Rotterdam. Cela est dû à un manque important de personnel dans les aéroports, couplé à un boom de leur fréquentation suite à la reprise du tourisme post-pandémie. Comme l’indique La Croix, la branche européenne du Conseil international des aéroports (ACI) affirme que 14,6 millions de passagers sont passés par Orly et Roissy-Charles-de-Gaulle au premier trimestre 2022, contre 4,7 millions à la même période en 2021. Ces chiffres devraient continuer d’augmenter dans les mois à venir. Les compagnies Air France-KLM, Lufthansa et le groupe IAG (British Airways, Iberia et Aer Lingus) se préparent déjà à retrouver des avions pleins pour la saison estivale.
Pour les aéroports, cette reprise du trafic aérien – pourtant toujours inférieur à 2019 – est actuellement un réel défi. En effet, ces derniers doivent réussir à répondre à une demande en hausse avec des effectifs largement en dessous de leurs besoins. Les aéroports et les postes de manutention au sol manquent de ressources et cherchent désormais à combler ces difficultés. Selon le ELLE, le PDG d’Aéroports de Paris (ADP) Augustin de Romanet, affirme que 4 000 postes proposés par le groupe et ses prestataires sont actuellement à pourvoir sur les deux sites parisiens.
… et contraint certaines compagnies à prendre des solutions radicales
L’exemple de British Airways et Easjet le montre bien. Ayant beaucoup de mal à embaucher du nouveau personnel ces derniers mois, British Airways a décidé de réduire ses horaires de vol pour l’été. En effet et comme indiqué par l’Echo touristique, cette dernière peine à répondre à la demande croissante de voyages après avoir supprimé près de 10 000 emplois pendant la pandémie. Le risque qui pèse à présent sur British Airways est celui de passer à côté d’un été de reprise exceptionnelle pour les compagnies aériennes européennes. La compagnie annonce réduire de 10 % ses vols entre mars et octobre 2022. Le directeur général de British Airways, Sean Doyle, a précisé que cela correspond à l’équivalent de 8000 allers-retours, les trois-quarts sur des liaisons court-courrier.
De son côté et comme le rapporte Le Figaro, Easyjet décide de se lancer dans une stratégie visant à supprimer des sièges à bord de ses avions. Six sièges de ses A319 au Royaume-Uni sont retirés pour limiter ses besoins en personnel. Cela concerne ainsi les 60 avions A319 de la compagnie.
« Cet été, nous exploiterons notre flotte d’A319 au Royaume-Uni avec un maximum de 150 passagers à bord contre 156 en temps normal, et trois membres d’équipage au lieu de quatre habituellement ».
Easyjet dans une déclaration transmise à l’AFP
Easyjet indique agir en conformité avec les règles de l’aviation civile au Royaume-Uni qui impose en temps normal un membre d’équipage en cabine pour 50 sièges.
« La réduction du nombre de sièges sur certains avions est un moyen efficace d’exploiter notre flotte tout en renforçant la résilience et la flexibilité de nos opérations cet été, où nous prévoyons de revenir à des niveaux de vol proches de 2019».
Easyjet dans une déclaration transmise à l’AFP
Le manque de personnel fragilise le secteur de l’aérien, en bref
La pandémie avait conduit les aéroports et les compagnies aériennes du monde entier à licencier une part importante de leur personnel. L’activité reprenant désormais, le secteur aérien peine à recruter et se retrouve contraint à prendre des mesures drastiques pour répondre à une forte hausse de la demande. A l’approche de l’été, ces manquements pourraient mener certains acteurs du secteur à passer à côté d’un été de reprise exceptionnelle du tourisme.