Depuis quelques jours, tous s’inquiètent de la hausse du prix des chambres d’hôtel. Mais qu’en est-il réellement ?
Sébastien Bazin, l’emblématique directeur général du groupe hôtelier Accor, n’aura eu qu’à déclarer publiquement qu’il appelait ses hôteliers à « monter franchement leur prix » pour que la presse s’enflamme. Depuis cette annonce, tous n’ont qu’un mot à la bouche : inflation. Mais dans une économie de marché où la concurrence est attestée et où les chaînes hôtelières sont historiquement plus onéreuses que les hôtels indépendants, ce tumulte n’est que vent et poussière. Certes, la tendance à la hausse du prix des chambres d’hôtel est bien réelle, mais faut-il vraiment s’en inquiéter ? Je ne pense pas.
Les prix augmentent…
Il suffit de jeter un coup d’œil au prix des hôtels dans une multitude de villes différentes pour réaliser que les tarifs sont généralement plus élevés qu’ils ne l’étaient en 2019. Mais comme les prix de l’énergie et de l’alimentation augmentent, ne serait-il pas suicidaire que les hôteliers n’augmentent pas leurs prix ? Après tout, deux années viennent de passer pendant lesquelles les hôtels affichaient des taux d’occupation historiquement bas.
La décision d’augmenter le prix des chambres d’hôtel ne dépend donc pas du directeur général d’Accor. Il s’agit d’un choix stratégique que chaque chef d’entreprise doit prendre afin de préserver la pérennité de son entreprise et de sa capacité à investir.
Une étude réalisée par STR, société qui fournit des données sur l’industrie hôtelière dans le monde entier, démontre que les tarifs journaliers moyens des hôtels européens sont désormais supérieurs de 6 % en moyenne à ce qu’ils étaient avant la pandémie. Pour certaines destinations, les tarifs moyens sont même plus élevés encore. Les chambres d’hôtel en Irlande, notamment, sont maintenant 21% plus élevées qu’en mai 2019, représentant la plus forte augmentation de tous les pays du continent. En seconde position se trouve le Portugal, où le tarif moyen est 18 % plus élevé que l’année dernière à la même époque. Enfin, l’Espagne arrive en troisième position, avec un tarif moyen 14 % plus élevé qu’en mai 2019.
Cette hausse s’explique notamment en raison de l’excitation qui gravite autour de la reprise des voyages. Après deux années moroses, les voyageurs sont bel et bien de retour. Et ils sont nombreux ! Le secteur des voyages d’affaires a repris au même rythme que les mariages, les foires et les événements.
… Mais ils redescendront
Mais malgré la hausse des prix enregistrée cet été, il n’y a pas de quoi tirer l’alarme. La situation se normalisera au gré des mois qui passent. En plus de la hausse de la demande, l’une des raisons de la hausse des prix est le manque de personnel, conséquence directe de la pandémie. Chaque confinement ayant entraîné une nouvelle vague de chômage partiel, nombreux sont les employés du secteur touristique ayant décidé de se réorienter — au grand dam des acteurs de l’industrie aujourd’hui.
Comme les hôtels sont débordés et les goulots d’étranglement fréquents, les hôteliers ne planifient plus à pleine capacité. Ils doivent donc couvrir les frais courants avec moins de chambres proposées, tel que l’ont récemment attesté nos collègues de chez reisetopia après une enquête exhaustive auprès de leurs partenaires.
Les hôtels de luxe ayant naturellement besoin de beaucoup plus de personnel que leurs concurrents bon marché, l’hôtellerie haut de gamme est particulièrement touchée par ce cercle vicieux. C’est notamment l’une des raisons pour laquelle la plupart des services offerts en hôtel quatre ou cinq étoiles ont récemment été automatisés.
La hausse du prix des chambres d’hôtel, en bref
Au fil des deux dernières années, les prix des chambres d’hôtel ont fortement augmenté. Cette inflation, principalement enregistrée dans les grandes villes européennes et les destinations balnéaires, s’observe en particulier dans les hôtels de luxe. Mais la tendance continuera-t-elle à la hausse ? Probablement pas. Lorsque l’enthousiasme pour les voyages se calmera et que les hôtels n’auront plus de problème de personnel, les prix reviendront à la normale. Peut-être pas cet été, mais lorsque la saison estivale laissera place à l’automne. Il suffit d’être patients (et de réserver tôt !). Car plus vous prenez le risque de retarder votre réservation pour l’été, plus le prix que vous paierez sera élevé.