Alors que les prix des loyers augmentent à vive allure partout à travers le monde et qu’il est de plus en plus difficile de trouver où loger, je pointe du doigt l’une des entreprises les plus reconnues du secteur touristique : Airbnb.

La première fois que j’ai séjourné en Airbnb, c’était il y a onze ans. À l’époque, comme je rêvais de voir la côte basque, je m’étais renseignée sur les options les plus économiques pour aller passer quelques jours à Biarritz. En faisant mes recherches, j’étais tombée sur ce qui allait, quelques années plus tard, devenir un véritable fléau : Airbnb. Je ne vous mentirai pas. Au fil des ans, j’ai utilisé la plateforme à maintes reprises. La dernière fois étant en avril, alors que je voyageais en famille pour célébrer le soixantième anniversaire de ma mère. Nous avions loué une petite villa sur la côte calabraise, en Italie. Bien qu’elle était pittoresque et extrêmement bien située, je n’y retournerai pas. Comme de nombreux pays européens, j’entre dans la bataille engagée pour maîtriser les locations touristiques de courte durée. M’y suivrez-vous ?

Les prix des loyers ne cessent d’augmenter…

Un peu partout dans le monde, pour éviter que l’essor des locations de courte durée, plus rentables, n’entraîne l’atrophie du parc locatif résidentiel, les municipalités essaient de trouver des réponses réglementaires. Elles se battent contre leur « airbnbisation », c’est-à-dire le basculement de milliers de logements en accueils pour touristes. Un phénomène qui évince les habitants permanents en faisant exploser les prix des biens immobiliers.

De New York à Amsterdam, en passant par Paris et Montréal, les prix atteignent en effet des sommets vertigineux. À Manhattan, le prix du loyer moyen a récemment atteint 3 925 dollars. D’après un article de Curbed publié le 17 mai dernier, malgré plusieurs lois interdisant les locations de courte durée dans les immeubles collectifs, la ville dénombre bien moins d’appartements à louer que de locations Airbnb. Un malheureux drame pour lequel Airbnb n’est pas étranger.

New York, USA
New York

À Amsterdam, où les locations de courte durée ont « fait bondir les prix des logements, les rendant inaccessibles pour une part croissante de la populationil n’est plus rare de devoir dépenser un million d’euros pour acquérir un appartement ordinaire », s’est plaint l’adjoint au maire de la capitale néerlandaise, Jakob Wedemeijer. Des problématiques également connues en France. À Paris, il n’est pas inhabituel que l’on consacre plus d’un tiers du budget au loyer. Et ce scénario risque de s’aggraver au rythme de l’inflation.

 … Et les stratégies mises en place par les municipalités restent bancales

Si certaines villes optent pour un « relatif laisser faire, comme Rome et Milan, d’autres, telles que Berlin, sont très strictes », explique Claire Colomb, professeure d’études urbaines et d’aménagement à la Bartlett School of Planning, à l’University College London. Beaucoup choisissent toutefois une voie médiane.

Amsterdam a mis en place l’enregistrement obligatoire de tout logement loué et a restreint à trente le nombre de nuitées annuelles autorisées. Lisbonne, quant à elle, impose un quota dans ses quartiers historiques. Seuls 10 % à 20 % des logements sont autorisés à être loués aux touristes, avec obligation de s’enregistrer. À Paris, la limite légale de location d’un bien est de 120 jours par an. Et alors que l’Élysée contraint les particuliers qui souhaitent louer leur logement à munir leur annonce d’un numéro d’enregistrement, de nombreuses annonces publiées sur Airbnb n’en comportent pas. Pourtant, depuis juillet 2012, si une annonce de location meublée saisonnière située dans une métropole — soit Paris, Lyon, Lille, Marseille, Nantes, Nice, Strasbourg et Toulouse — n’est pas enregistrée, le loueur s’expose à une amende pouvant aller jusqu’à 12 500 euros.

À Lille, une stratégie particulièrement invraisemblable a récemment été mise en place : les boites à clés apposées sur le mobilier urbain par les propriétaires de logements Airbnb ont été retirées des rues de la ville. Comme le rapporte francebleu, ces boites, qui ressemblent à de gros cadenas, étaient souvent accrochées anarchiquement sur des barrières ou des poteaux par les propriétaires afin qu’ils n’aient pas à remettre des clés en main propre à leurs locataires. « Une véritable pollution urbaine », a déclaré Jacques Richir, adjoint au maire en charge du cadre de vie. 

Ces stratégies suffiront-elles à éradiquer le fléau de l’appauvrissement du parc immobilier et de la hausse des prix des loyers dans les grandes villes ? Probablement pas. Fort du développement du télétravail et de la tendance à vouloir se calfeutrer dans un petit cocon, Airbnb a récemment signé le meilleur trimestre de son histoire. Au troisième trimestre de 2021, Airbnb a en effet enregistré un chiffre d’affaires plus élevé qu’à la même période en 2019. Preuve que la plateforme de réservation de logements a désormais une activité supérieure à celle d’avant la pandémie…

Airbnb, en bref

Bien que le concept premier d’Airbnb soit tout à fait honorable, je ne peux tout simplement pas continuer à me fermer les yeux sur les problèmes qu’engendre cette plateforme. Depuis sa création en 2008, l’entreprise californienne est accusée par les autorités de régulation du marché immobilier d’accaparer les résidences disponibles, entraînant un appauvrissement du parc immobilier. Les prix des loyers à travers le monde ne cessent donc d’augmenter… Au même rythme qu’augmente le chiffre d’affaires d’Airbnb. À partir de maintenant, je ne séjournerai qu’en hôtel. Je m’engage ainsi à ne plus utiliser la plateforme, à moins que de véritables stratégies soient mises en place par les municipalités pour contrer l’atrophie du parc locatif résidentiel.

Auteur

Membre de la rédaction depuis janvier 2020, Vicky Moreau est aujourd'hui directrice des contenus. Originaire de Montréal, mais ayant vécu en France et en Belgique pendant de nombreuses années, la francophonie et les voyages n'ont plus aucun secret pour elle.

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