Le nombre de passagers au troisième trimestre est en hausse. Pourtant, l’heure n’est pas à la réjouissance. Les fermetures de frontières inquiètent les acteurs de l’industrie aéronautique.
Alors que les premiers pays ont déjà annoncé la fermeture de leurs frontières par crainte de voir le nouveau variant se propager sur leur territoire, les compagnies aériennes craignent une répétition du printemps 2020. Comme le rapporte Reuters, un premier recul de la demande aurait été enregistré cette semaine, et ce après des mois de forte croissance. Mais la fermeture des frontières est-elle une mesure justifiée et efficace dans la lutte contre le virus ?
Tout est-il à refaire ?
Il y a quelques mois à peine, les annonces de réouverture de frontières s’enchaînaient, permettant à l’industrie aéronautique de lentement se remettre sur pied. Aujourd’hui, toutefois, il semble que l’industrie aéronautique soit de retour au point de départ. Bien que le nombre de passagers ait augmenté dernièrement, le nouveau variant risque de contrecarrer la reprise. Sa propagation assombrit à nouveau les perspectives de bénéfices sur le long-courrier transatlantique et laisse un secteur déjà vulnérable face à de nombreuses incertitudes. Après un automne fort occupé, le nombre de réservations recule et les demandes d’annulation augmentent.
Malgré les tendances toujours positives, les premiers patrons de compagnies aériennes du monde expriment leurs inquiétudes. Ils craignent la répétition du spectacle du printemps 2020, lorsque la plupart des compagnies aériennes avaient dû réduire leur flotte, voire déposer leur bilan.
easyJet se voit déjà exposée aux effets du nouveau variant et enregistre un premier recul du nombre de réservations. C’est toutefois Tim Clark, directeur d’Emirates, compagnie aérienne ayant relativement bien résisté à la pandémie, qui tire la sonnette d’alarme. Si d’autres pays devaient fermer leurs frontières, l’industrie aéronautique pourrait ne pas s’en remettre, s’inquiète-t-il.
« Nous aurons une idée beaucoup plus claire de la situation à la fin du mois de décembre. Décembre est un mois très important pour le secteur des voyages aériens. Si décembre est perdu, il y aura des traumatismes importants dans le secteur. »
Tim Clark lors de la Reuters Next Conference
Selon Tim Clark, le mois de décembre devrait être déterminant pour la plupart des compagnies aériennes et pour l’ensemble du secteur. Alors que des pays comme la France appliquent encore des conditions d’entrée relativement modérées, d’autres pays comme le Maroc ou le Japon ont décidé de suspendre tout trafic aérien.
Inquiétudes légitimes ?
Mais ces inquiétudes sont-elles justifiées ? L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment rejeté l’efficacité des fermetures de frontières. Selon elle, celles-ci ne feraient au mieux que ralentir la propagation. On constate déjà que le nouveau variant se propage dans le monde entier, même dans les pays qui continuent à imposer des conditions d’entrée très restrictives.
Par ailleurs, les premiers cas pourraient être apparus il y a quelques mois déjà en Europe. Le président de l’Afrique du Sud critique ainsi les gouvernements de nombreux pays qui poussent à la fermeture des frontières. Il renvoie à l’accord des pays du G7 de ne pas exposer les États sous-développés à des conditions économiques déjà mauvaises en fermant les frontières et demande plus de vaccins pour le continent.
L’inquiétude des compagnies aériennes, en bref
Depuis quelques mois, le nombre de passagers ne cesse d’augmenter. Des compagnies aériennes comme Lufthansa et Air France, qui dépendent massivement du trafic transatlantique entre l’Europe et l’Amérique du Nord, se réjouissaient récemment encore de la hausse du trafic aérien. Mais c’était avant la propagation du variant Omnicron. Sa présence pourrait ralentir la reprise et faire basculer un secteur déjà vulnérable. Les patrons de compagnies aériennes mettent donc en garde les gouvernements contre les effets de la fermeture des frontières dans le monde entier – et ce n’est pas sans raison. Les experts soulignent le caractère injustifié de cette approche et rappellent que la fermeture des frontières ne garantit pas l’efficacité que l’on suggère ou que l’on attend.