Nous avons échangé quelques mots avec Madelijn Vervoord, directrice générale de l’InterContinental Lyon – Hôtel Dieu, afin d’en savoir plus sur l’adresse la plus emblématique de Lyon.
De par sa colossale façade se hissant fièrement le long du Rhône et son impressionnant dôme, l’InterContinental Lyon – Hotel Dieu s’impose aujourd’hui comme l’un des plus somptueux hôtels de France. Situé à même le Grand Hôtel-Dieu, il réinvente le luxe à la lyonnaise. Rencontre avec Madelijn Vervoord, directrice générale.
Depuis quand êtes-vous directrice générale de l’InterContinental Lyon – Hotel Dieu ?
J’étais la directrice générale de l’InterContinental Lyon avant même qu’il n’ouvre en 2019 ! J’ai participé aux réunions de chantier. Et auparavant, j’ai travaillé à l’InterContinental Paris Le Grand, puis à l’InterContinental Marseille, où j’ai été directrice générale pendant six ans. Là aussi, j’ai participé à l’ouverture de l’hôtel. L’an prochain, je célébrerai donc mes 20 ans chez InterContinental !
L’InterContinental Lyon a ouvert ses portes à même le Grand Hôtel-Dieu de la ville. Quels ont été les plus grands défis auxquels vous avez dû faire face afin de transposer un hôtel de luxe dans un ancien hôpital ?
Comme l’hôtel n’abrite qu’une partie du Grand Hôtel-Dieu, il a fallu initialement réaménager le bâtiment. Les rénovations du Grand Hôtel-Dieu ont duré neuf ans, alors que les rénovations de l’hôtel en ont duré cinq. Faire cohabiter un bâtiment historique avec l’hôtel a été un véritable défi. Nous avons dû conserver les plafonds à l’ancienne, les murs… Sans parler du bar Le Dôme. Nous avons dû y intégrer tous les standards internationaux en termes de sécurité, de contraintes techniques, d’opérations, le tout en nous assurant de conserver l’aspect historique du bâtiment.
Un gros travail de concertation a été fait tout au long des travaux afin que l’on puisse exploiter l’hôtel de façon efficace, tout en gardant l’âme du Grand Hôtel-Dieu. Nous avons voué un plus grand respect aux lieux. J’aime dire qu’on a mis en beauté le site. On n’a rien dénaturé. Au Dôme, par exemple, là où se trouve le bar, il nous était interdit d’accrocher quoi que ce soit au mur ou encore d’utiliser des enceintes. Mais que serait un bar sans musique ? Après maintes discussions, on a trouvé une solution plutôt… Innovatrice. On a incorporé des feuilles qui émettent des sons par vibration dans les dossiers des grandes banquettes.
Des sons par vibration ?
Oui ! Génial, n’est-ce pas ? C’est ce qui est intéressant. Le lieu nous pousse à chercher des innovations, des solutions. Déjà au 18e siècle, lors de la construction du Grand Hôtel-Dieu, de nombreuses innovations architecturales ont vu le jour en même temps que le bâtiment.
Comment vous y êtes-vous pris pour conserver la sobriété de cet ancien hôpital tout en incorporant des éléments de la marque InterContinental ?
En collaboration avec Didier Repellin, l’architecte en chef des monuments historiques, Jean-Philippe Nuel, l’architecte derrière l’InterContinental Lyon – Hotel Dieu, s’est assuré que la sobriété de l’ancien hôpital se marie au luxe discret souvent associé à la marque InterContinental. Il était primordial pour les deux collaborateurs de ne pas dénaturer quoi que ce soit. Les panneaux de soie, par exemple, reflètent la riche histoire de l’hôtel. Les motifs lyonnais qui les ornent datent du 18e siècle, époque à laquelle se faisait construire le Grand Hôtel-Dieu.
À l’InterContinental Lyon – Hotel Dieu, l’attention est dans les détails, car c’est par le biais de ceux-ci (et du service) que s’exprime le luxe discret. Il y a eu un immense travail historique afin de sélectionner les meilleurs matériaux, meubles et fournisseurs avec qui travailler. Nous voulions que tout soit le plus local possible.
Comment ont réagi les Lyonnais suite à l’annonce de l’ouverture d’un hôtel InterContinental dans le Grand Hôtel-Dieu ?
Comme les Lyonnais sont très attachés au Grand Hôtel-Dieu, il y a bien entendu eu un peu de résistance lorsqu’on a annoncé qu’un hôpital public serait vendu à un investisseur privé. Mais une fois les travaux terminés, le scepticisme a fait place à l’engouement. Aujourd’hui, les Lyonnais sont nos meilleurs ambassadeurs. Ils viennent montrer les lieux à leurs amis parisiens en disant : « T’as vu, t’as pas ça à Paris ! »
Avec le secteur de l’hôtellerie en pleine mutation, comment avez-vous adapté votre offre au cours des deux dernières années ?
Comme les clients qui séjournent dans les hôtels InterContinental sont principalement américains et asiatiques, nous avons ouvert en 2019 avec une clientèle essentiellement internationale. De nombreux hôtes ont notamment découvert Lyon grâce à la marque ! Mais lorsque la crise sanitaire a frappé, tout a changé. Avec la fermeture des frontières de l’Union européenne, nous avons perdu cette clientèle… Et nous avons dû nous adapter. Nous avons modifié notre communication afin de cibler une clientèle plus locale. Lyonnais, Français et Européens ont alors franchi les portes de l’hôtel. Nombreux sont les Parisiens s’étant rendus à Lyon le temps d’un week-end. Et nombreux ont été les Lyonnais à réserver une chambre à l’hôtel pour se faire plaisir, pour découvrir Lyon sous un angle nouveau. Aujourd’hui, comme les frontières sont à nouveau ouvertes, plus de la moitié de nos clients sont étrangers, alors que 35 % des clients sont Français. Lyon reste bien aimé des Français !
Est-ce que la pénurie de personnel en France impacte les activités de l’hôtel ?
Nos activités sont bien sûr touchées, comme celles de nombreux hôtels. Mais contrairement aux hôtels parisiens, les hôtels de Provence ont été en mesure de reprendre leurs activités assez tôt. Déjà l’année dernière, nous tournions à plein régime aussitôt l’été arrivé. Nous avons donc dû recruter massivement… Et nous avons recruté beaucoup de Parisiens ! Ils étaient alors nombreux à vouloir quitter Paris pour retrouver la famille et leurs racines. Donc certes, la pénurie nous touche, mais nous nous en sortons plutôt bien.
Et enfin, l’attractivité de Lyon nous aide également. Comme la ville vient d’être élue comme meilleure ville de France par TimeOut, ça joue en notre faveur. Le recrutement est encore plus facile ! Lyon a beaucoup à offrir, que ce soit au niveau culturel ou gastronomique. C’est une ville où il fait bon vivre, et les Français le savent.