Emmanuel Macron vient d’être reconduit par les français pour cinq ans à la tête de l’Etat. Les défis auxquels il fait face sont nombreux et l’après pandémie doit représenter un nouveau départ pour le pays. Absent de la campagne présidentielle, le secteur touristique constitue pourtant l’un des moteurs de la relance…
La France est la destination touristique la plus prisée au monde. En 2019, ce sont quelques 90 millions de touristes qui sont venus dans l’Hexagone, un record absolu rappelant la valeur de ses espaces côtiers, de hautes montagnes, ou encore de ses villes et de ses campagnes qui ne cessent de faire rêver autour du globe. Ebranlé par la pandémie, le secteur touristique doit désormais être considéré comme un véritable levier de croissance. Ce dernier présente un rôle crucial dans l’aménagement du territoire et influence largement les dimensions économique et sociale de notre société. Le secteur touristique constitue le premier contributeur positif à la balance des paiements mais également l’un des principaux moteurs de la relance tant attendue pour les prochains mois. Mais alors quelle est sa place dans le programme d’Emmanuel Macron et quels sont les objectifs des cinq prochaines années à ce sujet ?
Le tourisme : un sujet omis dans la campagne mais pourtant bien crucial
Au cours des derniers mois, les programmes avancés par les candidats et les débats ayant suivi ont très clairement fait état d’un manque d’intérêt porté au secteur touristique. Les syndicats de la branche ont essayé, en vain, de rappeler aux politiques l’atout que l’industrie touristique représente pour notre pays. Malheureusement, il semble que depuis les années 1950-1960, durant lesquelles le Plan Racine avait permis la construction de complexes d’habitation destinés au tourisme sur les littoraux, rien de vraiment marquant n’a plus été entrepris.
Le problème semble persister puisque le programme officiel d’Emmanuel Macron ne fait aucunement état d’ambitions quant au secteur touristique. Toutefois, il est évident que beaucoup des objectifs présentés ne se réaliseront pas sans la prise en compte du secteur dans la stratégie suivie.
Sur le plein emploi
Prenons l’exemple de la promesse du plein emploi avancé par le Président pour la fin du second quinquennat. Il semble crucial que l’ensemble des secteurs économiques de l’hexagone soient impliqués, celui du tourisme compris. En 2018, le World Travel & Tourism Council (WTTC) a réalisé une étude sur l’impact économique de l’activité touristique en France. Il en est ressorti que les emplois liés au tourisme devraient passer de 2,87 millions (10,1% de l’emploi total) à 3,3 millions à l’horizon 2028 (11,3% de l’emploi total), dont 1,47 million d’emplois directs. Bien évidemment ces chiffres ne prenaient pas en compte à l’époque l’impact de la future pandémie. En revanche, ils démontrent bien le potentiel que représente le secteur a lui seul pour l’emploi en France. La reprise économique qui s’engage à présent doit prendre cela en compte.
Sur l’aménagement et le renforcement des territoires
Sur le thème des territoires, Emmanuel Macron a annoncé vouloir oeuvrer au renforcement des espaces ruraux afin de favoriser une meilleur synergie et plus d’égalité entre les villes et les campagnes. Un tel objectif demande de développer ces espaces socialement et économiquement, ce qui passe entre autres par le développement des activités touristiques et hôtelières.
Sur l’écologie
A son tour, l’objectif de planification de la transition écologique mis en lumière par le chef de l’Etat requière de mieux s’atteler à la protection de nos littoraux, montagnes, forêts et espaces naturels. Là encore, ces dimensions sont intrinsèques au secteur du tourisme et il serait inefficace de ne pas prendre cela en compte.
Sur la transition numérique
Enfin, l’ambition de développer le numérique sur nos territoires doit une fois encore être rattachée aux problématiques du tourisme au niveau local et national. Emmanuel Macron l’a lui même expliqué lors d’une intervention en juin 2021 depuis le village emblématique de Saint-Cirq-Lapopie : « Le numérique est aujourd’hui au cœur du tourisme. On réserve par le numérique, et ce sont parfois des plateformes étrangères qui captent la valeur ». Il est donc nécéssaire que le gouvernement travaille désormais à cette transition numérique, de façon globale comme dans le secteur du tourisme, afin de recentrer la production de valeur sur des entreprises nationales.
L’Echo touristique avait néanmoins rapporté les paroles de Roland Lescure, député de La REM, qui affirmait lors des Primaires du tourisme le 23 mars 2022 que l’absence du sujet dans le programme présenté par Emmanuel Macron n’était pas synonyme d’un manque d’aspiration ni d’inaction ; « le tourisme a été au cœur des préoccupations du quinquennat passé » et c’est sur cette base que le travail s’apprête à continuer.
En conclusion, bien que le tourisme n’apparaisse pas directement dans le programme du quinquennat naissant, il est essentiel que le prochain gouvernement prenne conscience du rôle majeur que présente le secteur pour la reprise économique, ainsi que dans nombre des objectifs développés à l’horizon 2027.
L’Outre-mer seule rescapée
Rapportée par Outremers360, seules les mesures propres aux Outre-mers du candidat finaliste à l’élection présidentielle ont mise en lumière un certain intérêt d’Emmanuel Macron pour le tourisme dans ces territoires. En effet, ce dernier a annoncé vouloir y développer l’économie bleue et ses filières, valoriser et différencier la « marque Martinique » et mettre en oeuvre un pan de rénovation du patrimoine en Martinique.
Espoirs et désillusions du précédant quinquennat
Bien que le secteur du tourisme est été l’un des grands absents du débat à la présidentielle de 2022, il est primordial d’insister sur le fait que de nombreuses choses ont été annoncées voire engagées lors du quinquennat précédant. Reste désormais à savoir si ces pas en avant seront toujours d’actualité. En tous cas, on l’espère…
Le secteur touristique français, l’un des plus importants au monde, a été profondément ébranlé par le début de la pandémie en 2020. Le gouvernement en place a du réagir au plus vite pour trouver des réponses efficaces à la situation d’alerte dans laquelle se trouvaient les professionnels du secteur. Les aides et les prêts engagés par l’Etat ont été massifs et la politique du « quoiqu’il en coûte », portée sur de longs mois, ont contribué à soutenir le secteur. La pandémie ayant suivi des fluctuations et l’activité reprenant à des rythmes différents, l’exécutif avait à l’époque -comme le rappelaient Les Echos – fait le pari d’un désengagement progressif via le prolongement du versement du fonds de solidarité, d’un dispositif coûts fixes sans condition, et d’une clause de revoyure fixée à novembre dernier.
Malheureusement, cette période d’accalmie et de soutien est terminée et comme le rappelle Le Monde, les professionnels du secteur font désormais face au « mur des prêts garantis par l’Etat (PGE) ». Retrouvant à peine une activité stable, 123 000 entreprises du tourisme sont tenues de commencer à rembourser ces prêts de quatre ans qui leur ont été avancées.
« Si on oblige les hôtels-restaurants à rembourser aussi vite au lieu de bénéficier de la reprise pour continuer d’entretenir et moderniser les outils, cela va engloutir la bonne gestion de la crise par le gouvernement ».
Karim Soleilhavoup, directeur général du réseau d’hôteliers indépendants Logis Hôtels
Les professionnels du secteur ayant contracté des PGE demandent au gouvernement un report des premiers remboursements, ainsi que l’étalement des échéances sur dix ans, jusqu’en 2030. Ce qui ne semble pas être au goût de la politique gouvernementale à l’heure actuelle.
Destination France : l’espoir des 5 années à venir ?
A plusieurs mois de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron et son gouvernement avaient engagé en novembre 2021 le sommet Destination France. L’intention affichée était de discuter de la relance du secteur touristique français avec ses acteurs et d’encourager les principaux acteurs de l’industrie du tourisme français et américains à investir davantage sur le territoire national. Globalement, le Plan fixe à dix ans une stratégie de relance et de re-dynamisation du secteur touristique français.
L’objectif avancé par le gouvernement est double : établir durablement la place de la France en tant que première destination touristique mondiale et reconquérir la première place en termes de recettes touristiques. La stratégie établie s’organise en quatre piliers distincts :
- La conquête et la reconquête des talents, pour remédier à la pénurie de main d’oeuvre dans le secteur.
- Le renforcement de la résilience du secteur et l’accompagnement de sa montée en qualité.
- L’engagement de la transformation durable du secteur, via des investissements sur les prismes de l’écologie et du numérique.
- La preservation et la mise en valeur du patrimoine sur l’ensemble du territoire, via le soutien de l’Etat aux collectivités.
Il reste donc à espérer que le dessein du plan Destination France n’a pas déjà perdu l’attention du gouvernement et que les cinq prochaines années verront effectivement ces mesures se mettent en place pour le bien être du secteur touristique français mais également de la croissance économique.
Le tourisme dans le prochain quinquennat, en bref
Ces dernières semaines de campagne présidentielle nous ont permis de déplorer l’absence du secteur touristique dans les préoccupations des candidats. L’abstraction du sujet dans le programme d’Emmanuel Macron n’empêche toutefois pas d’insister sur l’importance que représente le tourisme pour la croissance économique de notre pays. De nombreux objectifs présentés pour le quinquennat à venir demanderont d’allier les professionnels du tourisme au travail et le plan Destination France annoncé l’année dernière, permet de garder espoir quant aux ambitions que portera, on l’espère, le futur gouvernement pour le tourisme français.
Bonjour Albane et merci pour cet article intéressant
1) La conquête et la reconquête des talents, pour remédier à la pénurie de main d’oeuvre dans le secteur
2) Le renforcement de la résilience du secteur et l’accompagnement de sa montée en qualité.
3) L’engagement de la transformation durable du secteur, via des investissements sur les prismes de l’écologie et du numérique.
Ces 3 points ne sont-ils pas du fait des professionnels eux-mêmes ?
1) Former ses salariés aux critères de fonctionnement de son établissement. Ils sauront ainsi mieux que tout représenter l’établissement auprès du client
2) La montée en qualité me paraît une évidence comme dans toute entreprise, il en va de sa survie vis à vis de sa clientèle : respect et fidélité…
3) Ce sont les professionnels qui doivent agir sur ces deux points et uniquement eux. Il en est de leur capacité à répondre aux besoins de leur clientèle.
Je veux dire par là qu’il serait contre productif que les professionnels se retranchent derrière l’Etat pour résoudre leurs besoins d’investissements qui sont somme toutes parfaitement naturels quand on est entrepreneur et qu’on veut produire convenablement pour son entreprise…
Cordialement
Philippe Wattinne
Bonjour Philippe,
Je partage tout à fait votre point de vue 🙂
Cet article a vraiment eu pour but de tenter d’analyser ce qui a été annoncé au niveau de l’exécutif au cours des derniers mois. On verra bien ce qu’il en ressortira…
En attendant souhaitons beaucoup de courage aux professionnels du secteur, qui comme vous le dites, agissent naturellement d’eux même pour le bien être et la pérennité des métiers du tourisme et de l’hôtellerie.
Belle journée à vous,
Albane