Dans cette série intitulée Parlons-en, notre chroniqueuse Lilli, une fois par mois, se consacre aux aspects importants et triviaux du voyage. Une chronique sociopolitique en période de va-et-vient national.
Les privilèges possibles pour les personnes vaccinées mettent en évidence une nouvelle division de notre société. C’est injuste, disent les médias ainsi qu’une large partie de la société. Et ne me méprenez pas, ils le disent peut-être à juste titre. Toutefois, un regard sur les alternatives montre que c’est la seule voie vers un retour à la liberté. Une tentative de réconciliation.
Chaque fois que les dirigeants politiques d’un pays prennent une décision, il y a des connivences, des opinions et, généralement, beaucoup de débats. L’un d’entre eux polarise d’ailleurs actuellement l’industrie touristique : les restrictions actuelles devraient-elles être supprimées pour les personnes vaccinées ? C’est une question pour laquelle il y a beaucoup moins de bonnes réponses qu’on pourrait le penser au départ.
Bien sûr, ce débat est encore théorique. La science manque de réponses définitives à des questions non négligeables, telles que la transmissibilité (potentiellement encore possible) ou même les effets secondaires. La question de la distribution est également difficile ; pour la meilleure protection possible, il faudrait au moins deux doses par patient, un calcul qui ne tient pas toujours debout et qui, dans certains cas, peut être difficile à atteindre.
Pourtant, malgré le manque d’information, le débat sur d’éventuels assouplissements pour les personnes vaccinées contre le Covid-19 est commencé.
La stratégie de vaccination est différente dans tous les pays du monde. En France, un peu plus d’un million de personnes sont actuellement vaccinées. C’est relativement peu, mais ce nombre devrait augmenter rapidement dans les mois à venir.
Le retour à la liberté comme droit fondamental
Les gouvernements des États membres de l’Union européenne (UE) débattent actuellement des privilèges potentiels des personnes vaccinées contre le Covid-19 ; l’appel en faveur d’un passeport vaccinal trouve un écho particulier dans les pays pour lequel le tourisme est important, soit les pays du sud de l’Europe dont l’économie est anéantie par la baisse du nombre de touristes.
« Les personnes vaccinées doivent être autorisées à voyager librement », a récemment demandé le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis. Bien entendu, certaines voix allant à l’encontre de cette déclaration se sont fait entendre. Des voix politiques comme celles du Premier ministre bavarois Markus Söder ont vivement critiqué la mise en place de « privilèges » pour les personnes vaccinées.
Malheureusement, toutes ces voix ne font que mettre sous silence l’essentiel : le vaccin est le seul moyen de revenir à la liberté.
Dans un commentaire publié la semaine dernière dans le journal allemand Süddeutsche, Wolfgang Janisch, un journaliste politique, a écrit :
« Selon la Loi fondamentale, la ligne de démarcation est claire. Ce qui doit être justifié, c’est la restriction de la liberté, et non son assouplissement. »
Wolfgang Janisch, journaliste politique pour le journal allemand Süddeutsche
La réponse juridique à cette question est donc évidente. Il s’agit du retour des droits fondamentaux, et non des droits spéciaux, comme l’a mentionné le journaliste. Si les personnes vaccinées contre le coronavirus devaient « attendre » le reste de la société, cela serait-il juste ? Peut-être. Peut-être pas.
Pas d’alternative équitable
Bien sûr, cette classification est problématique. Aussi problématique, sans doute, que la notion de « pertinence systémique » établie au printemps de l’année dernière. Rendre les droits fondamentaux à des personnes choisies est, par définition, injuste. Seulement, il n’y a pas d’alternative équitable, et pas d’autre voie vers la normalité.
Plus le nombre de personnes immunisées à l’échelle nationale est élevé, plus les chances de liberté individuelle sont grandes. Cette pandémie n’est peut-être pas juste, mais elle nous donne une chance de revenir à nous-mêmes.
Et soyons honnêtes : est-il vraiment si injuste de laisser les personnes les plus âgées et les plus faibles de notre société passer en premier et de leur accorder la meilleure protection possible ? De toute façon, il est peu probable que tante Emma embarque sur son premier vol d’un voyage autour du monde à 92 ans avec un pansement sur le bras. Mais pouvons-nous en dire autant pour nous-mêmes ?